Qu'est-ce que LANTURLULAND ?

     Il y a vingt ans, Jean-Pierre Petit avait été sollicité pour enseigner un peu de science à des étudiants en licence de philosophie, à la Faculté des Lettres d'Aix-en-Provence. Dès son premier cours, il commença donc tout naturellement à aligner sur son tableau noir des sinus et des cosinus, tentant d'expliquer à ses élèves comment l'allemand Bessel s'y était pris pour calculer la distance des étoiles, en utilisant "la méthode de la parallaxe, un classique en astronomie, la formule magique finale s'établissant en quelques lignes de calcul trigonométrique.

     Mais Petit réalisa qu'il se retrouvait face à un problème qu'il n'avait pas suspecté. Ses étudiants avaient opté pour une discipline littéraire, précisément parce qu'ils étaient violemment allergiques à la trigonométrie, et plus généralement à toute forme d'écriture mathématique, où l'on aligne des x et des y, assortis d'idéogrammes très hermétiques.

Figure 1 : Petit avec ses étudiants. Premier contact

 

     Il se retrouvait donc confronté à deux choix :

    - soit baisser les bras, et cesser d'enseigner dans ce département.

    - soit relever le défi et tenter de trouver une forme d'enseignement des sciences qui ne fasse pas recours à l'écriture mathématique.

     Il choisit la seconde solution et revint la semaine suivante en annonçant, tout tranquillement :

    -La semaine passée, je vous avais présenté quelques éléments de théorie. Nous allons maintenant passer aux travaux pratiques.

Il avait amené avec lui un montage fait avec trois planches, des clous et une ficelle et, avec cet étrange appareil sous le bras, il emmena tous ses étudiants dans la cour de l'université. L'un de ceux-ci fut sollicité pour aller fixer une étoile d'arbre de Noël à bonne distance (quelques dizaines de mètres). Ce télémètre improvisé fut installé sur une table.

Figure 2 : Les premier TP dans la cour.

Les étudiants mirent une bonne heure à comprendre comment l'utiliser et réussirent à calculer, à distance, à combien de mètres se trouvait l'étoile, avec une assez bonne précision, d'ailleurs. Pendant ce temps, évidemment, tout travail cessa dans toute l'université, accourue aux fenêtres, pour observer avec attention cette pédagogie nouvelle.

     Petit s'était in extremis sauvé d'une situation délicate et entreprit dès lors de repenser tout son programme d'enseignement. Il se procura un appareil de projection de vues fixes et ses cours se centrèrent désormais sur la projection de figures, d'images, qu'il créait en utilisant ses talents de dessinateur, de souvenant qu'il avait créé en, 1965 pour le journal Spirou, les deux bandes dessinées :

    - Le Voyage du Maxiflon

    - Le Secret du Maelström

     (Ces pages sont devenus des objets de collection. Si un lecteur disposait de celles-ci, correctement imprimées, on pourrait les digitaliser et intégrer à un cd, en couleur, ces pages étant ensuite restituées à leur propriétaire, bien sûr).

     Les cours furent aussi l'occasion de nombreux travaux pratiques. Quand on aborda les problèmes de mécanique des fluides, les étudiants construisirent une Montgolfière et inondèrent la cour de l'université d'avions en papier, lancés des fenêtres du sixième étage. On montra que le principe d'Archimède marchait dans du sable fin, expérience qui avait permis, des siècles plus tôt, à Lucrèce, d'imaginer que la matière puisse être constituée d'atomes (de Natura Rerum).

     Mais la curiosité scientifique de nos soi-disant étudiants littéraires se révéla insatiable. Ils voulurent savoir ce que signifiait le mot "entropie", ce qu'était la Relativité et pourquoi on disait que l'espace était courbe.

     Relevant tous les défis, Petit collecta le matériel nécessaire. Durant ses cours, les étudiants se mirent donc à tracer des triangles sur des ballons, avec des bandes de scotch, matérialisant "les géodésiques et découvrirent que la somme des angles d'un triangle tracé sur une surface courbe ne correspondait pas à ce qu'on leur avait enseigné.

     Dans les bandes dessinées des Aventures d'Anselme Lanturlu, le lecteur trouvera un nombre important d'expériences, dont certaines sont réalisables avec des moyens relativement modestes, lesquelles furent alors toutes réalisées dans l'amphithéâtre du département de philosophie de la faculté des lettres d'Aix en Provence.

Figure 3 : Le cours de "Sciences exactes", au département de philo d'Aix.

     Puis apparurent les premiers micro-ordinateurs. L'informatique démultiplia la capacité de compréhension des étudiants. En 1977 Petit fit acquérir par l'université son premier APPLE II. Peu de temps après, avec des étudiants de philosophie, ils conçurent et firent tourner un programme… de jeu d'échecs, primitif, mais cependant fonctionnel. Beaucoup des meilleurs spécialistes de l'informatique de la région furent d'anciens étudiants….de philosophie, d'anciens élèves de Petit.

     Il créa le premier logiciel de conception assistée sur ordinateur tournant sur micro, en 78, "primitif, mais fonctionnel", qu'on retrouvera dans le livre "Pangraphe", lequel a été intégré dans le "cd Lanturlu", sous le titre "La CAO sans peine".

     Le LOGOTRON, également inventé par l'auteur, fit l'objet d'une émission de télévision-canular, sur TF1, qui eut à l'époque un retentissement important, étant donné le nombre des victimes qui crurent que l'auteur avait effectivement créé un interpréteur sémantique, capable de traduire par exemple "Episcodrome" par "terrain d'atterrissage pour évêque". Le programme du logotron figure également dans le "cd Lanturlu".

     L'informagique, publié en 1980 aux Editions Belin, 8 rue Férou, 75006 , Paris, reste probablement l'ouvrage consacré à l'informatique ayant la plus forte longévité (sortie en 1979).

     Le passage du cours magistral à l'édition de bandes dessinées est à mettre à l'actif du mathématicien anglais Christopher Zeeman, médaille Field (le "prix Nobel", pour les mathématiciens), qui suggéra cette extension des activités. Dix huit albums furent ainsi publiés, dont quatorze par les éditions Belin et quatre par une petite maison d'édition, laquelle disparut par la suite (pour une raison inexplicable, les éditions Belin refusèrent de publier le Logotron, Joyeuse Apocalypse, le Chronologicon et Le Tour du Monde en Quatre Vingt Minutes ).

     Il y eut des traductions en huit langues :

Anglais, Allemand, Italien, Portugais, Russe, Polonais, Japonais, Persan.

     Les Iraniens traduisirent la bande dessinée sur la Relativité restreinte, intitulée "Tout est Relatif". Mais, autant les Ayatollah donnèrent leur accord quant on contenu scientifique et métaphysique de l'ouvrage, autant ils s'opposèrent à ce que l'héroïne, Sophie, figure dans la tenue où elle avait été conçue par l'auteur. Un dessinateur iranien rhabilla donc Sophie, en la dotant d'un tchador.

Figure 4 : à gauche Sophie "française", à droite Sophie "iranienne".

     L'Iran ne fut pas le seul pays à pratiquer cette sorte de censure vestimentaire. Il y en eut un autre : les Etats-Unis, où sept albums furent publiés. Antérieurement ces albums avaient été publiés en Angleterre. Lorsque Petit se rendit à l'Université de Berkeley, à l'occasion de la sortie de l'édition américaine, il avait amené avec lui les livres publiés à Londres. Ses collègues américains furent très surpris de constater que les dessins différaient. Ci-après deux pages de l'édition anglais et de l'édition américaine, pour comparaison.

Figure 5 : L'édition anglaise ("The flight of fancy")

 

Figure 6 : L'édition américaine (même titre)

     Le bibliothécaire de Berkeley décida donc d'acquérir les deux collections, qui furent présentées sur deux rayonnages différents, l'un portant la mention "expurgé" et l'autre "non-expurgé".

     Petit enseigna pendant de longues années au département de philosophie de la Faculté des Lettres d'Aix en Provence. Beaucoup d'albums sont construits autour d'un langage imagé universel : celui de la géométrie.

     Les albums peuvent être abordés et compris par n'importe quel non-scientifique, puisque le langage propre à la science (l'écriture mathématique), n'est pas employé. Mais ceci ne veut pas dire que tous les albums soient d'un abord facile. "C'est lisible, mais très souvent, "cela vous surchauffe les neurones". Un exemple de "bande dessinée scientifique traîtresse" et le Topologicon, initiation à la… topologie, une des branches des mathématiques qui est réputée pour être une des plus difficiles. L'exergue de l'album prévient le lecteur :

     Il est déconseillé le lire cet ouvrage :

    - Le soir avant de s'endormir

    - Après un repas trop riche

    - Ou quand on n'est sûr de rien, car ça ne ferait qu'aggraver les choses.

     Par comparaison, le GEOMETRICON est plus facile d'accès. Néanmoins, profitant des possibilités offertes par la diffusion sur "support numérique" (cd-rom) et disposant des droits pour ce type d'édition, Petit a entrepris de donner le maximum d'écho à ses albums en utilisant son site Internet. Vous trouverez donc dans la section "Présentation des BD d'Anselme Lanturlu" la liste des albums proposés à la vente, sur support cd, avec des pages échantillons, un descriptif des contenus, ainsi que la manière de vous procurer cet ensemble. Pour le moment, celui-ci est en français. S'agissant des langues étrangères, il reste … 3600 pages à digitaliser. Des fans de Lanturlu sont aussi au travail pour traduire (bénévolement) des albums, soit pour compléter une collection dans une langue donnée, soit, par exemple, en créant les premières traductions des albums en espagnol (monsieur et madame Munoz, chercheurs à l'université d'Oxford).

     Le cd, qui permet une diffusion à prix modique, ne fait pas concurrence aux albums édités conventionnellement, puisque, s'il ne souhaite, le lecteur pourra toujours les acquérir (du moins ceux qui ont été publiés et sont encore disponibles), en s'adressant directement aux éditions Belin, 8 rue Férou, 75006, Paris. Les éditions étrangères sont devenues introuvables, sauf quelques exemplaires en allemand.

     Le projet est donc d'étendre la traduction des albums existants au plus grand nombre de langues possibles, la diffusion étant rendue possible par l'ensemble cd-rom plus site Internet. Si des gens voulaient participer à cette opération, qu'ils contactent l'auteur à l'adresse :

sciences   jp-petit.com

     Leur nom, en tant que traducteur, figurera dans les albums qu'ils auront traduits bénévolement. S'ils le souhaitent, on pourra également faire figurer leur photographie, ou même leur caricature en bande dessinée. De plus il leur sera délivré un certificat de membre bienfaiteur du Club Lanturlu, qu'ils pourront afficher dans leur bureau et montrer à leurs collègues de passage.

     Mon ami informaticien Johannès Baago figure ainsi depuis vingt ans en dernière page de l'Informagique. C'est lui qui a l'air perplexe, parce que Lanturlu a perdu une de ses chaussures dans l'ordinateur.

     Il y a actuellement dix-huit albums, plus trois mélanges de BD et de texte constituant des ouvrages consacrés à une initiation à l'informatique, parus en 1983-1984 ( à ce qu'on pourrait appeler "l'époque héroïque" de la micro-informatique). Mais l'auteur en a une bonne douzaine d'autres en préparation. Il y a deux directions dans ce projet :

    - Aborder d'autres sujets, non-traités : biologie, chimie, problèmes monétaires, sciences humaines, etc…

    - Décliner les différents thèmes sous une forme qui soit accessible à de jeunes enfants et à ce qu'on appelle "le grand public". Ce qui revient à mettre cette technique de la "bande dessinée scientifique", au service du plus grand nombre.

     Le lecteur pourra également se procurer, toujours sous forme de cd, la version en bande dessinée de la Bible, de Jean-Pierre Petit (six cent pages). L'adaptation de l'Ancien Testament est intitulée "La Folle Histoire de Dieu", celle du Nouveau Testament "Jésus de Nazareth", qui se trouve présentée dans la section "Autres productions de Jean-Pierre Petit". Dans le "cd Lanturlu", on trouvera également des échantillons d'aquarelles réalisées par l'auteur au cours de ses voyages.

     Bientôt vous trouverez sur ses cd les chansons qu'il compose, des traités de mathématiques pour spécialistes, un cours de dessin, des cours de maths pour "nuls et mal comprenants", des jeux, des nouvelles de science-fiction, des BD consacrées à l'histoire internationale, de la préhistoire à nos jours, un cours pour apprendre à dessiner, un cours de guitare, et bien d'autres choses encore.

     Ce sous-site lanturluland sera ainsi le canal par lequel la créativité de J.P.Petit pourra enfin s'exprimer pleinement.

     Il reste une dernière question.

     Pourquoi le personnage principal de la série s'appelle-t-il Lanturlu ?

     Quand il avait cinq ans, le fils de Jean-Pierre Petit

     Revint un jour de l'école, où il avait appris une comptine. La voici :

La poule noire dans le potager
A crié comme une enragée
Les fermiers sont venus la voir
Il a dit qu'il allait pleuvoir
On ne l'a pas cru, Lanturlu
Et mon beau chapeau est perdu.

     Vous savez donc d'où vient ce nom de Lanturlu et d'où vient son large chapeau. Quand son fils était enfant, Petit lui racontait des histoires en utilisant ses talents dessinateurs.

     Grâce à Internet et au cd il a entrepris de raconter des histoires à tous les enfants du monde, en les instruisant.